Messe de rentrée au Grand Séminaire Benoît XVI de Tchitchao à Kara
La communauté des 190 grands séminaristes du Séminaire de Philosophie Benoît XVI de Tchitchao a ouvert ses portes le 1er octobre dernier pour le compte de l’année académique 2024–2025. Pour confier à Dieu l’année académique déjà en cours, une messe a été dite le jeudi 17 octobre 2024 à la chapelle Saint Thomas d’Aquin par l’Évêque de Kara, S‑E Mgr Jacques Danka LONGA. Elle a été concélébrée par 11 prêtres, en l’occurrence les formateurs résidents et externes. Étaient aussi présents à cette messe des professeurs laïcs et le personnel d’appui.
Au début de la célébration, le RP Thomas THON, recteur du séminaire, dans son mot d’accueil, a fait une brève présentation et planté le décor de la célébration. Dans son homélie, Mgr LONGA a exhorté tous et chacun à un meilleur investissement de soi-même car l’avenir de l’Eglise en dépend. La messe a pris fin par la bénédiction, renvoyant ainsi formateurs et séminaristes à vivre de la sagesse de Jésus dans cet espace matériel et spirituel qu’est le séminaire.
Voici en intégralité l’homélie de Monseigneur Jacques Danka LONGA
HOMELIE
Bien aimés dans le Seigneur,
« Marche en ma présence et sois parfait. » (Gn 17, 1). Tel fut le thème de la retraite du début d’année que vous avez eu, retraite prêchée par le P. Marcel ABOTCHI du diocèse d’Atakpamé. S’en est suivi la Journée de Méthodologie, la conférence inaugurale. Tout cela avec pour but de vous introduire dans la grâce que le Seigneur vous offre cette année.
Cette grâce, multiforme est offerte à tous. Elle attend d’être accueillie par chacun. Cela dépendra de l’ouverture du cœur et de la disponibilité spirituelle de chacun. Avec Dieu c’est la liberté. Dieu donne mais il ne contraint pas ; il n’oblige pas car il est amour et dans l’amour l’être aimé est respecté dans ce qu’il est, dans ce qu’il fait, peut et veut offrir.
Avec la présente messe, dite messe de rentrée, nous disons à Dieu de faire en sorte que l’année académique 2024–2025 se déroule en toute chose et pour chaque acteur selon sa volonté pour sa plus grande gloire et le plus grand plaisir de la Vierge Marie, notre Sainte et Bonne Mère. Vivons donc ces moments avec foi, ferveur et recueillement, tout tendus vers Lui, un peu comme le psalmiste qui prie : « Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel. Comme les yeux de l’esclave vers la main de son maître, nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié. » (Ps 122, 1–2). A vrai dire, l’Evêque, le prêtre, le consacré, le séminariste, le fidèle laïc devrait vivre tendu vers Dieu, vers les réalités d’en-haut.
Père recteur et vous pères formateurs,
Au nom des séminaristes que voici, je vous dis merci. Merci pour votre présence et votre engagement. Un Evêque, donnant conseil à un de ses prêtres envoyé comme formateur au séminaire, lui disait ceci : « Soyez présent au séminaire de sorte que les séminaristes vous trouvent chaque fois qu’ils ont besoin de vous. Et priez beaucoup ». Être formateur au séminaire est astreignant, exigeant mais, à la pensée que vous collaborez avec Dieu à donner, à Lui et à son Eglise, les prêtres selon son cœur, vous devez vous estimer privilégiés. Privilégiés oui mais en même temps portant une grave responsabilité. Vous êtes ceux-là qui, dans l’aujourd’hui du séminaire, forgent déjà ce que sera l’Eglise de demain. Car, tel père, tel fils.
Au nom de la Conférence des Evêques du Togo, au nom des fidèles de l’Eglise au Togo, au nom de l’Eglise tout court, je vous dis merci. Par ce fait, je vous apporte les salutations et les encouragements de tous vos pères évêques. Ils vous assurent de leur prière et de leur proximité, dans une attitude constante d’écoute, d’encouragement et d’accompagnement. Que la Vierge Marie prenne soin de chacun de vous et qu’elle vous soit proche et propice comme elle le fut pour les apôtres.
Chers séminaristes,
Merci d’avoir dit oui à l’appel du Seigneur. Félicitations à vous. Je sais que tous, vous êtes décidés, engagés, déterminés à aller jusqu’au bout. Jusqu’au bout de quoi ? Jusqu’au bout de la volonté de Dieu. La volonté de Dieu c’est cela qu’il faut rechercher. La vie au séminaire est une recherche constante de ce que Dieu veut pour moi, sur moi, sur ma personne et ma vie. Vivez donc vos jours ici dans cette optique. La recherche dont il est question peut être rapprochée à celle dont Jésus parle dans l’évangile selon S. Matthieu : « Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. »
Cher séminariste, il faut se dire que ma vocation est une perle, une perle de grande valeur. S’il en est ainsi, je peux et je dois travailler à ne pas la perdre. Que chacun donc vive toutes les exigences de son cheminement vocationnel à ce pas perdre cette perle.
Chers professeurs, chers formateurs vous personnel d’appui, chers tous,
La parole de Dieu de ce jour et la noble figure de S. Ignace d’Antioche que nous célébrons en ce jour ne disent pas autre chose que ce qui vient d’être rappelé aux séminaristes. En effet dans la première lecture nous entendons S. Paul dire : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. »
Devenir chrétien c’est avoir été choisi par Dieu, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour être saint, immaculé devant Lui, dans l’amour. S. Ignace d’Antioche l’avait compris. C’est pourquoi, volontiers, il a, en son temps, accepté souffrances, incompréhensions, passion et mort, de la mort d’un martyr. Alors qu’il se rendait justement à Rome enchaîné et gardé par un détachement de soldat, Rome où il allait être tué martyr, il s’adresse aux chrétiens de Rome en ces termes : « J’écris, moi, à toutes les Églises, et je fais savoir à tous que de grand cœur je mourrai pour Dieu, si vous ne m’en empêchez pas. Je vous en supplie, ne me portez pas une pitié importune. Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : elles m’aideront à atteindre Dieu. Je suis son froment : moulu sous la dent des fauves, je deviendrai le pain pur du Christ. »
Seigneur donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen.
Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen.
+ Jacques Danka LONGA
Evêque de Kara