Homélie d’ordination presbytérale de sept (07) diacres du diocèse et deux (02) de la Congrégation du Très Saint Rédempteur à la Paroisse Cathédrale SS. Pierre et Paul de Kara
Pères vicaires généraux et épiscopaux
Supérieurs majeurs des Instituts de vie consacrée
Et vous Père Pascal Sorgho, représentant le provincial de la Congrégation du Très Saint Rédempteur et chef de la délégation rédemptoriste à cette messe,
Père curé de la cathédrale SS. Pierre et Paul de Kara
Pères concélébrant
Autorités politiques, civiles et militaires
Frères et sœurs des autres confessions religieuses
Chers parents, amis et bienfaiteurs des ordinands de ce jour
Chers invités
Auditeurs et auditrices des différents moyens de communication
Chers tous et chères toutes,
Ce qui nous rassemble dans cette église cathédrale SS. Pierre et Paul, en ce samedi 16 décembre 2023, c’est l’ordination de neuf (9) prêtres ; sept (7) pour le compte du diocèse de Kara et deux (2) pour le compte de la Congrégation du Très Saint Rédempteur.
Merci à toi Seigneur pour le don de ces ordinands à ton Eglise. Nous t’offrons le passé le présent et l’avenir de chacun d’eux. Garde-les en ton Cœur Sacré et que, de cette fontaine ils se reçoivent chaque jour pour être de dignes serviteurs de ta grâce et de ton peuple.
A vous parents, amis, bienfaiteurs, éducateurs à tous les niveaux, vous qui avez participé, d’une manière ou d’une autre, à l’épanouissement de la grâce de Dieu en chacun de ces diacres, MERCI. Et vous qui êtes en cheminement en vue du sacerdoce ou de quelque consécration dans l’Eglise, postulants, novices, séminaristes, vous jeunes, soyez dociles au souffle de l’Esprit en étant attentifs et ouverts à vos formateurs et éducateurs. Courage, confiance, patience et persévérance, chers jeunes, chers aspirants-séminaristes, postulants, novices et grands séminaristes.
A vous ordinands de ce jour, vous qui allez être investis du pouvoir car c’est bien un pourvoir que vous allez recevoir ; un pouvoir spirituel qui vous rend capable d’introduire le profane dans la sphère du sacré ; le pouvoir du « FAITES CELA EN MEMOIRE DE MOI », je vous laisse l’image de Jésus Bon pasteur sous l’ange précis de Serviteur : « celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. L’esclave n’a de volonté que celle de son maître. Sa volonté propre il la met dans sa poche. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 26–28). A vrai dire, il n’y a pas de prêtre sans racines, sans un lien à une église, ou une institution d’Eglise. Le prêtre est toujours rattaché, attaché, lié à un institut, un diocèse. Plus le prêtre développe des relations équilibrées et responsables, filiales et ecclésiales avec son diocèse, son Institut et ses supérieurs légitimes, plus il est épanoui et fécond. Le prêtre est comme une branche qui ne peut porter du fruit qu’attaché à son tronc qu’est l’Eglise, l’Eglise corps et tête ainsi que nous l’enseigne la Magistère de l’Eglise.[1]
Autre chose, Dieu est ainsi que la fin d’une étape est le début d’une autre. Bien qu’étant la continuation de la précédente, avec Dieu, chaque étape est toujours un début, plein d’équations à plusieurs inconnues et parfois d’équations insolubles pour nous les hommes. C’est ainsi. Notre Dieu est un Dieu CACHE. Il aime à se dévoiler petitement, à petit coup, selon la capacité d’accueil et de compréhension de la personne appelée. Pouvait-il en être autrement ? Dieu est toujours le même et toujours nouveau, toujours à découvrir et à accueillir. Dieu ne vieillit pas car IL est. Il est l’AMOUR et dans l’amour, le vrai, tout est toujours neuf, nouveau, surprenant et étonnant, étonnant parce que merveilleux. Il faut toujours s’émerveiller de Dieu et devant Dieu. Oui, Dieu ne se laisse pas modeler par nos habitudes et la routine. Dieu a horreur de la routine. Désirer fortement Dieu et ses dons est une bonne chose. Car Dieu veut être désiré puisqu’il est AMOUR. Mais en même temps Dieu est au-delà du désir de l’homme. Il doit donc être approché avec crainte et tremblement. Ce fut l’expérience de certains grands témoins de la Bible : Moïse, Isaïe, Pierre, Jacques, Jean et les autres apôtres, aussi bien dans la scène de la pêche miraculeuse que dans celle de la tempête apaisée et de la transfiguration. Devant Dieu qui se révèle et se donne, l’homme reste comme pétrifié, liquéfié, tétanisé par son néant, sa situation de personne indigne de la sainteté de Dieu « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » (Is 6, 5). Qui a des oreilles pour entendre qu’il entende !
Chers ordinands c’est ce Dieu que vous êtes appelés à servir. Ce Dieu que vous êtes appelés à donner aux hommes et femmes vers qui le Seigneur Lui-même vous envoie.
Merci à toi Piyabalo Rodrigue d’avoir répondu oui à l’appel de Dieu. Certes, il y a eu des moments de doute et d’hésitation mais te voilà sur le point d’être investi pour agir in persona Christi capitis, en lieu et place du Christ Tête. C’est un honneur ! certes ; mais en même temps c’est une charge, une grave responsabilité. Car il s’agit pour toi de refléter le Christ ; de devenir de plus en plus transparent pour laisser le Christ se dire et se donner à ses brebis à travers ta personne et ton agir. Vois-tu Rodrigue qu’être prêtre est plus un sacrifice, une charge qu’un honneur ? Rappelle-toi donc que comme prêtre tu n’as pas le droit d’être paresseux, négligent. Tu dois fuir comme une peste la distraction, la paresse et la négligence. Car tu ne deviens pas prêtre pour toi-même mais pour Dieu et pour son peuple.
Et toi Piyabalo Edouard, avec ce que tu as vécu durant ton stage annuel, il t’a semblé que tout risquait de chambouler. Et pourtant te voici attendant, avec hâte de te voir imposé les mains. Tout concourt au bien de ceux que Dieu aime, n’est-ce pas ? Laisse-toi donc aimé chaque jour par Dieu et tu goûteras à la joie d’être prêtre. Lucien, lentement mais sûrement tu as pris confiance en toi-même révélant que tu avais un monde fort riche enfoui en toi. L’Eglise en t’appelant, manifeste la confiance que Dieu te fait. Sache que les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables, sans repentance (Cf. Rm 11, 29). Quand Dieu donne il ne reprend pas ce qu’Il a donné. Lucien, sois donc une main et un cœur ouverts pour accueillir Dieu et tout ce qu’Il veut bien te donner, chaque jour.
Marc, depuis les débuts, tu as affiché une réelle joie d’être ce que tu es devenu. Te voilà appelé à être prêtre pour le compte de ce diocèse. Que ton attachement et ton amour pour l’Eglise à travers le diocèse de Kara s’approfondisse et grandisse chaque jour davantage. Si tu le permets, souvent en écoutant les autres tu dissimules avec peine tes réactions, ce que tu ressens surtout quand tu n’es pas d’accord avec eux. Cela montre, peut-être, une certaine sensibilité. Mais tu devras éduquer cette sensibilité pour ne pas indisposer les fidèles qui viendront à toi.
Honoré ton désir d’être prêtre a été toujours lisible et visible sur ton visage au point que, parfois, l’on pouvait y lire l’empressement d’y arriver. Tu as un don particulier, celui d’apprendre et d’assimiler vite les langues. Il faut développer ce don. Car chaque langue est une interprétation de la création et donc des réalités de foi et du monde. Plus l’homme s’ouvre aux langues des autres, ses frères et sœurs, plus il devient accessible à un plus grand nombre et plus les personnes trouvent place dans son cœur et sa prière.
Maurice après ton expérience à l’université de Kara, le Seigneur t’a appelé à une autre expérience. Il t’a invité à donner un tout autre sens, une toute autre signification à la vie, à l’existence humaine, à ta vie. Au terme de ce cheminement, que ressens-tu ? Certes la route aura semblé longue, très longue surtout à la pensée des années passées à l’université. Mais, comme disait un prêtre à des filles postulantes : « le chemin est long, parfois, jonché de tessons de bouteilles. Mais il est court pour ceux qui croient ». Avec l’ordination que tu reçois en ce jour, tout n’est pas fini. Tout ne fait que commencer.
Martin dernier à être interpellé parmi les ordinands du diocèse mais certes pas dernier en considération. Il fallait bien commencer par un bout et finir par un autre. Martin au terme de son stage pastoral, l’on a senti combien tu en étais fasciné et rayonnant, donnant l’impression que tu avais hâte d’être ordonné tout de suite. Cela est bien un signe positif. Positif car le sacerdoce ministériel est un don précieux à désirer, un don inestimable qui n’a de mesure que l’amour miséricordieux, fidèle et inaltérable de Dieu. Cependant, Dieu ne se laisse pas embrigader dans le cœur étriqué et étroit, très étroit de l’homme.
Et vous Edmond Egbidi et Casimir Pouissi, fils de ce diocèse et de la paroisse Bon pasteur, la recherche de Dieu et de sa volonté sur vous, vous a porté au-delà des frontières du diocèse, de votre pays. Et vous voilà recevant l’ordination dans cette église cathédrale SS. Pierre et Paul, laquelle église ne vous est pas étrangère. Pour nous catholiques, chaque fidèle est partout en Eglise. Merci au Seigneur pour la vocation de chacun d’entre vous. Merci à vous supérieurs de nos fils que voici Edmond et Casimir. Merci pour la confiance que vous leur faite. Edmond et Casimir, il me plaît de rappeler l’une des passions de votre fondateur Alphonse de Liguori : être homme de prière et apprendre à tous les fidèles à devenir hommes et femmes de prière. Avec la prière l’on obtient tout de Dieu. Bien plus la prière est le lieu de l’accueil de Dieu. Avec la prière, l’homme devient le lieu de la révélation et du don de Dieu à l’humanité. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait que pour elle le point et le levier pour soulever le monde c’est la PRIERE. Ah ! Si tous pouvaient entendre ce cri ! Si tous pouvaient devenir des torches brûlantes du feu de la prière dans la nuit de ce monde. « Veillez donc et priez car vous ne savez ni le jour ni l’heure » nous dit Jésus.
Chers amis,
Rendons grâce à Dieu le Père lui qui nous a donné d’voir part à l’héritage des saints dans la lumière. Nous arrachant à la puissance des ténèbres il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en Lui nous avons le rachat, le pardon des péchés. Nous avons reconnu là un extrait de l’hymne que l’Eglise nous fait chanter le mercredi aux vêpres. Il est bon d’avoir une conscience aiguë, très aiguë et chaque fois renouvelé de notre identité et de l’œuvre accomplie par la très Sainte Trinité en notre faveur, en faveur de l’homme, de chaque personne humaine et de tout homme. Arrachant les hommes à la puissance des ténèbres Dieu le Père les a rendus capables de devenir fils et filles du royaume de son Fils bien-aimé. Le temps de l’Avent dans lequel nous sommes depuis deux(2) semaines maintenant nous rappelle le temps de l’attente du peuple d’Israël, longue attente de la réalisation de ce que Dieu le Père a promis. « Dieu dit au serpent je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon » (Gn 1, 15).
Cette attente fut longue mais aussi riche en merveilles de Dieu. Dieu présent et agissant dans l’histoire de son peuple. Dieu présent et agissant à travers des hommes de foi, hommes et femmes de confiance. Oui à travers ces hommes de confiance, Dieu a préparé son peuple à l’évènement unique de l’histoire humaine, de toute l’histoire de l’humanité. Parmi ces hommes et ces femmes figures en bonne place les prophètes. Et parmi les prophètes il y a Elie et Jean-Baptiste. La parole de Dieu de ce 3e samedi du temps de l’Avent évoque ces deux personnes, hommes de foi et d’espérance, hommes d’audace et de courage, personnes remplies de Dieu et pourtant petites, humbles et effacées ; personnes conscientes et convaincues d’être investies d’une mission divine, chacune pour sa part, mais acceptant d’être méprisées incomprises, bafouées, piétinées comme des ordures par leurs semblables, mortels appelés à mourir et pourtant orgueilleux et prétentieux.
Chers fidèles à la suite de ces hommes, nous sommes nous aussi appelés à être témoins de Dieu à notre époque avec nos talents et nos défauts, nos richesses et nos pauvretés.
Par l’intercession de la Vierge Marie, des Saints apôtres Pierre et Paul, Elie et Jean-Baptiste que Dieu tout-puissant vous bénisse le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Seigneur donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen.
ENSEMBLE POUR LE CHRIST. ENSEMBLE POUR NOTRE DIOCESE.
+ Jacques Danka LONGA
Evêque de Kara
[1] Cf Sermon d’Isaac de l’Etoile pour l’Assomption, office des lectures du 2e samedi de l’Avent.