HOMÉLIE EN LA SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE À LA PAROISSE BON PASTEUR DE TCHALOUDÈ ET VŒUX PERPÉTUELS DE TROIS FRÈRES DE LA SOCIÉTÉ DE MARIE
Père Jonas KPATCHA, supérieur régional de la société de Marie
Père curé et vous tous pères concélébrant
Vous frères candidats à la profession religieuse de ce jour
Chers sœurs et frères de la vie consacrée
Frères et sœurs en Dieu et en humanité
Chers amis,
Nous sommes au mardi 15 août 2023, solennité de l’Assomption de la Vierge Marie. S. Paul enseigne : « de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et toute Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort ». Le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort. Or dans la solennité de l’Assomption nous affirmons que Marie est montée au ciel, corps et âme. Marie est donc l’annonce et l’anticipation de ce que S. Paul enseigne. En effet, en ce jour, nous célébrons le couronnement du pèlerinage spirituel et de foi de la Vierge Marie. Nous contemplons le meilleur des merveilles accomplies en Marie par la très sainte Trinité. Nous reconnaissons la puissance de la grâce, la force vivifiante de la foi, la foi en Jésus. Ce jour-là, à Nazareth en Galilée, quand elle répondait à l’ange : « Voici la servante du Seigneur que tout m’advienne selon ta parole », (Lc 1, 38). Marie ne pouvait pas s’imaginer qu’elle était en train d’offrir à Dieu un chèque en blanc. Par sa réponse à l’initiative libre de Dieu, Marie lui disait de faire d’elle et en elle ce qu’il lui plaira. Et là encore pouvait-elle savoir qu’elle serait l’unique créature humaine à être élevée dès sa mort au ciel en son corps et en son âme ?
Chers amis,
Tous nous sommes appelés par Dieu à accueillir son Fils dans nos cœurs, nos vies. Tous nous sommes invités à emboîter les pas de la Vierge Marie. Tous nous avons reçu, comme dit saint Jean, grâce sur grâce. Si tout cela est vrai, il n’est pas dit que tous nous avons ou aurons les mêmes privilèges que Marie, la Mère de Dieu. Car parmi les créatures humaines, Marie est la seule à avoir été conçue sans le péché originel. Elle est la seule femme à avoir porté en son sein et mis au monde le Fils unique de Dieu. « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » Mère et Vierge, elle est unique dans les desseins d’amour de Dieu.
Avec la visite de Marie à sa cousine Elisabeth s’ouvre une étape dans son pèlerinage spirituel, dans sa mission et dans son ascension progressive dans la compréhension et l’accueil du mystère qui la porte et dont elle est, en même temps, porteuse. Ainsi, « de l’annonciation à la visitation et à la crèche, de la crèche au temple de Jérusalem, des noces de cana au cénacle, de la croix à la pentecôte, Marie vit son pèlerinage spirituel. Le cheminement humain, spirituel et vocationnel de Jésus est intimement lié au pèlerinage spirituel, humain et plein de foi de la Vierge Marie.[1]
Au oui de Marie correspond celui de Jésus, que dis-je, le Oui de Jésus précède et rend possible celui de Marie sa Mère. Jésus est le premier à nous enseigne l’obéissance à Dieu le Père. Ainsi que l’écrit s. Paul dans sa lettre aux philippiens : Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes reconnu homme à son aspect il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté il l’a doté du nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genoux fléchisse au ciel sur terre et aux enfers et que toute langue proclame Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2)
Marie, la mère de Jésus, à travers son cantique d’action de grâce, montre bien qu’elle renonce à faire ce qu’elle veut ; qu’elle renonce à ses droits pour se faire toute petite servante, servante de la volonté de Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur exulte mon esprit en Dieu mon sauveur. Il s’est penché sur son humble servante désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le puissant fit pour moi des merveilles saint est son nom. Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes il élève les humbles. Il comble de bien les affamés renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël sons serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais »
Si elle est unique en ses privilèges, tous peuvent et doivent cependant imiter la Vierge Marie. En effet, chacun de nous a à accomplir son pèlerinage spirituel, pèlerinage de la foi à la suite, à l’exemple et avec l’aide de la Vierge Marie.
Avec Dieu, chaque oui contient tous les autres oui ; chaque étape ouvre la voie à toutes les autres. Au départ on ne comprend pas tout et pourtant on dit OUI. Bien que je ne sache pas ce qui adviendra demain, je dis oui. Oui, car j’ai confiance en Celui qui appelle. Ainsi en est-il de vous frères qui allez faire votre profession religieuse, qu’elle soit temporaire ou perpétuelle. Qui d’entre vous peut-il me dire ce qui en sera de lui et de son engagement demain, dans une semaine, un mois, deux ans, des années plus tard ? Et cependant vous voici tout heureux, tout joyeux de faire ce pas. Le Oui initial contient toute l’histoire bienheureuse de l’appelé. Histoire bienheureuse car avec l’appel spécial à le servir Dieu fait irruption dans la vie de l’appelé et irrigue l’histoire de ce dernier de l’eau et du sang précieux jaillissant de son Cœur Sacré.
Je vous souhaite, donc chers candidats, d’imiter réellement la Vierge Marie en ayant une confiance totale en Dieu et en son Eglise. Laissez-vous conduire par les voies de l’obéissance. Car, de plus en plus il me semble que le défi pour nous chrétiens en général et pour les consacrés en particulier c’est l’obéissance. Pourquoi cela ? Eh bien parce nous sommes à l’ère où la tendance est pour chacun de nous d’insister sur ses prétendus droits, sur sa liberté. Dans ce climat, évidemment, il devient difficile pour les supérieurs de remplir adéquatement leur mission. De même les supérieurs, à commencer par celui qui parle, doivent être eux-mêmes d’abord, un cœur et une oreille qui écoutent d’une part Dieu et les autres, ceux et celles dont ils ont charge, d’autre part. Comme tous le savent, dans l’Eglise, ne gouverne convenablement que celui ou celle qui sait d’abord, écouter, obéir.
Et que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père et le Fils et le Saint Esprit. Amen.
Seigneur donne-leur le repos éternel et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin. Qu’ils reposent en paix. Amen.
ENSEMBLE POUR LE CHRIST. ENSEMBLE POUR NOTRE DIOCESE.
+ Jacques Danka LONGA
Evêque de Kara
[1] Cf. Mgr Jacques LONGA, Homélie du lundi de pentecôte, 29 mai à la cathédrale SS. Pierre et Paul de Kara